[Hot Club de Lyon. Concert de Jean-Charles Demichel]

[Hot Club de Lyon. Concert de Jean-Charles Demichel]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT2308 09
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
descriptionAdresse : Hot Club de Lyon, 26, rue Lanterne, Lyon 1er.
historiqueEn 1988, tout le monde connait "Bird", la référence obligée des saxophonistes et génial inventeur du be-bop. Merci monsieur Clint Eastwood. Quarante ans plus tôt, seule une poignée de zazous se délecte des chorus de Charlie Parker, directement importés du Minton's Club de Harlem. Parmi eux, une faction d'étudiants aux Beaux-Arts se retrouve ponctuellement dans une Maison des jeunes, rue des Marronniers. Très vite, ce club informel où l'on reconnaît déjà Raoul Bruckert, se place sous la tutelle de la Fédération des Hot Clubs de France régie par la loi 1901. Le Hot lyonnais nait donc avec la révolution bop, mais sait rendre hommage aux antécédents du genre en nommant Duke Ellington président d'honneur. Un soir de 1949, le Hot Club de Lyon, situé alors rue Bellecordière, accueille Miles Davis. Juliette Gréco, Sydney Bechet, feront également escale dans ce club très "Saint-Germain" d'entre Rhône et Saône. Deux ans plus tard, l'équipe du Hot s'installe dans un trou de souris, rue de la Fromagerie. Là sont élaborés trois salons internationaux du jazz dont le programme 1955 annonce : "Le jazz a aujourd'hui brisé sa liaison avec les rats, il s'est installé à la lumière des rampes". Cependant le Hot Club se voit contraint de déménager son Q.G. à maintes reprises, au hasard de commissions de sécurité draconiennes ou de caves inondées... entre autres avatars. L'itinéraire de ces "marginaux" passe par une auberge de la rue Royale, puis s'arrête rue de l'Arbre-Sec, réintègre la rue de la Fromagerie, avant de trouver son refuge actuel au 26 de la rue Lanterne. Entre-temps, Boris Vian et son fidèle bugle marquent de leur visite l'année 1956. Le club ne baisse pas les bras, face à sa vocation première de diffuser et défendre la musique négro-américaine mais, en ouvrant sa porte à d'autres couleurs artistiques (happenings) préfigure la génération 68. Jean-Louis Billoud fonde le grand orchestre du Hot Club tandis que le trompettiste Jean Mereu introduit le free jazz. Ce dernier fait partie d'un collectif à tendance avant-gardiste qui, en 1977, fonde l'Association à la Recherche d'un folklore imaginaire : l'ARFI. Le Hot Club ne s'aventure pas dans le domaine de l'expression improvisée prospective. La pilule free fut mal digérée. Aussi les quarante formations actuelles restent fidèles au jazz traditionnel. Véritable confrérie du jazz et de la bonne humeur, il n'est pas rare de voir un instrumentiste passer d'un big band à un trio avec la même assurance. Qu'il S'agisse de middle-jazz, bossa ou fusion, on connait ici l'histoire sur le bout des doigts. Depuis peu, le Hot s'intéresse également au bluegrass et, dans un esprit d'ouverture euphorique, accueille même du rock'n'roll, ce "genre mineur" fratricide. Pour fêter ses quarante ans, papa Hot enfile sa tenue de gala pour une semaine de parade, dédicacée à Duke Ellington son sain patron. A quelques jours du prestigieux Festival de Vienne, les différentes manifestations organisées par cette association de bénévoles ont pour seule prétention de sortir le jazz de son caveau enfumé. A cet effet, la Fête de la musique représente le jour propice en guise d'introduction. Pendant cinq soirées, les musiciens du Hot Club développeront ensuite différents thèmes et improviseront des chorus avec de nouveaux accompagnateurs : mode, cinema, chorégraphie sauront sur quel pied danser, un cours d'histoire de jazz. Le break final interviendra après un bal public conduit par la crème du swing lyonnais. Un flash-back non exempt de nostalgie vers une époque où la bourrasque d'outre-Atlantique faisait danser plus que jaser. On voudrait voir le succès populaire de cet événement, pour que l'équipage du Hot Club de Lyon provoque la surprise plus d'une fois tous les dix ans. Source : "Le Hot tous jazzimuts" / Claude Simonet in Lyon Figaro, 20 juin 1988, p.41.
historiqueNight in Birdland, [le 17 juin 1988] au Hot Club de Lyon, où se retrouvaient sur scène les musiciens du trio Jean-Charles Demichel, le temps d'un concert et d'un mini boeuf informel comme on sait le faire ici. Avant d'ouvrir sur Parker's Mood, le saxophoniste annonçait la couleur, en dédiant le concert à Charlie Parker et dans la foulée au film de Clint Eastwood, "Bird", consacré au maître. Faiblement peuplée au début du set, aux environs de 22 heures, la cave ne cessera tout au long de la soirée de voir débarquer discrètement un public qui ne compte pas que des spécialistes, fait de 30-35 ans bien mis et de 20-25 ans aux applaudissements généreux. En solitaire, en couple ou en famille, on se serre au gré de l'affluence sur les banquettes de moleskine rouge, toutes catégories pour une fois réunies autour d'un genre musical accessible et sans arrogance, à l'image des quatre sur scène. Autour du sax de JeanCharles Demichel, on boppe en choeur et de tout coeur, chaleur, simplicité et humour en prime, le temps de quelques facéties du pianiste à tête d'ex-GI et du batteur aux baguettes trépidantes. Dans la salle, on sirote une bière ou un jus de fruits et on oublie de papoter pour se laisser capter par la musique de Parker restituée. Le temps d'un break, le public se lève pour se rafraîchir ou reste en place pour lier conversation. Un "rat de caveaux" s'informe auprès de deux étudiants : Que faire après le spectacle, c'est-à-dire, à... une heure du matin et que la ville est déserte ? Réponse : "Les Lyonnais s'amusent jusqu'à une heure, après ils rentrent chez eux, il n'y a plus personne dans les rues". Petits rires au sujet des affiches qui proclament "Lyon ville internationale", "mais en tout petit, alors...". Ici et là, les conversations roulent autour du jazz : quelle FM écouter pour avoir du jazz et échapper aux pubs ; on parle de la 52e rue découverte à travers le film Bird. Au fond, deux adolescents argumentent pacifiquement sur les mérites comparés du free et du dixieland et s'inquiètent de savoir s'il reste encore des places pour Vienne. Retour à la pénombre, lumières sur les jazzmen revenus se placer de nouveau derrière leurs instruments, pour faire quelques infidélités au thème parkerien annoncé au début. En conservant néanmoins le même ton maîtrisé pour passer d'une bossa jubilatoire à une composition personnelle puis à des titres d'Ahmad Jamal et Michael Brecker. Changement de batteur le temps d'un "bop impromptu", chavirement définitif de l'auditoire à l'énoncé de "Night in Tunisia". Quarante ans après l'envolée des premières notes dans les murs mouvants du Hot Club de Lyon, sous un label de qualité qui n'a jamais dévié, l'endroit demeure l'un des rares caveaux jazz situés au coeur de la ville. Là, le public se lève parfois pour danser sur une musique autrefois avant-gardiste mais fidèle et toujours live. Source : "Cinquante-deuxième rue Lanterne" / P.D. [Pascaline Dussurget] in Lyon Figaro, 20 juin 1988, p.42.
note bibliographiqueHot Club de Lyon. [En ligne] : https://www.hotclubjazzlyon.com/ (consulté le 06-04-2023).

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